Bourg-l'Abbé (Caen)
Bourg-l'Abbé est le nom porté par un ancien faubourg de Caen. Ce bourg qui dépendait de l'abbaye aux Hommes occupait approximativement le quart nord-ouest de l'actuelle ville de Caen.
Localisation
[modifier | modifier le code]Le bourg était situé à l'ouest du Bourg-le-Roi (centre-ville ancien de Caen). Il était le pendant du Bourg-l'Abbesse, faubourg situé à l'est de la ville de Caen et dépendant de l'abbaye aux Dames.
Structure urbaine
[modifier | modifier le code]Historiquement, le Bourg-l'Abbé était entouré par[1],[2],[3] :
- au nord et l'est, le terroir de Saint-Martin, en incluant la delle de Rocquemont (à l'emplacement de l'actuel Mémorial de Caen) ;
- à l'est et au sud, la ville de Caen (Bourg-le-Roi) et le Grand-Odon, excluant l'actuelle Prairie et le village de Venoix[note 1] (une grande partie de la paroisse de Venoix, sur la rive gauche du Petit-Odon et dans la plaine, fait toutefois partie de la baronnie du Bourg-l'Abbé[note 2]) ;
- à l'ouest, le terroir de Bretteville ;
- à l'ouest et au nord, le terroir de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe.
Le territoire était constitué de plusieurs pôles, par ordre d'éloignement de la ville fortifiée :
- la partie la plus urbanisée constituée par le faubourg (autour de l'abbaye aux Hommes et des églises Saint-Martin et Saint-Nicolas), au pied et sur les coteaux de la vallée de l'Odon[4],[note 3] ;
- le village de Villers (autour de l'église Saint-Ouen) dans la vallée de l'Odon ;
- La Maladrerie, sur la route de Bayeux, sur le plateau (plaine de Caen) surplombant la ville.
Historique
[modifier | modifier le code]Le , l'abbaye Saint-Étienne de Caen (dite abbaye aux Hommes), fondée par Guillaume le Conquérant, est dédicacée. Un village, organisé depuis le VIIe siècle autour de l'église Saint-Martin est incorporé au domaine octroyé à l'abbaye. Situé sur les coteaux au-dessus de la vallée de l'Odon, il se développe alors à la rencontre de deux axes importants (la rue de Bayeux et la route de Bretagne, actuelle rue Caponière). Un peu plus au nord, l'église Saint-Nicolas est fondée pour accompagner le développement urbain de ce secteur. Mais celui-ci reste limité.
Dans la charte de fondation octroyée à l'abbaye, le territoire de Villers est incorporé à Bourg-l'Abbé[6].
En 1066-1070, Lanfranc fonde à l'intérieur d'un enclos de douze acres une maladrerie dépendante de l'abbaye aux Hommes. Elle était chargée de soigner, ou du moins d'accueillir, les malades du Bourg-l'Abbé, de Venoix et de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe. Elle prend le nom de « maison des lépreux dans le Bourg-l'Abbé » ou d'« hôpital Saint-Étienne », mais elle est plus couramment appelé Petite maladrerie pour la distinguer de la Grande maladrerie fondée à proximité par Henri II d'Angleterre en 1161 (Hôtel-Dieu de Caen). À proximité, se développe le village de La Maladrerie.
Au XIVe siècle, dans le contexte de la guerre de Cent Ans, le Bourg-l'Abbé est fortifié. Mais seuls les bâtiments faisant partie de l'ensemble abbatial sont concernés. Ces fortifications sont détruites au XVIIIe siècle, mais une partie est conservée. Prés de l'église Saint-Étienne, des fragments des murailles en appareil régulier ont été conservés (rue du Carel), ainsi qu'une tour dans la cour de l'artothèque[7].
Au XVIIe siècle, la ville de Caen est marquée par une forte croissance démographique. Les faubourgs situés sur l'axe Paris-Cherbourg (Vaucelles, Bourg-l'Abbé) connaissent alors une croissance importante[8].
Au XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs congrégations religieuses s'implantent dans le Bourg-l'Abbé à proximité de l'actuelle rue Caponière :
- en 1577, le couvent des Capucins, à l'emplacement de l'actuel établissement public de santé mentale de Caen (dit le Bon-Sauveur) ;
- en 1612, le Godiveau (temple protestant), détruit en 1685 ;
- en 1631, le monastère de la Visitation (actuel quartier Lorge).
L'urbanisation massive et l'unification des différents pôles proto-urbains n'intervient qu'au XXe siècle (lotissements du Nice caennais, de la Haie Vigné dans les années 1930 ; zones à urbaniser en priorité de La Folie-Couvrechef et Le Chemin Vert dans les années 1950-1970.)
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le cœur du village (église Saint-Gerbold, moulin, maison des seigneurs) est établi jusqu'à la fin du XVIIIe siècle sur les bords des Petit et Grand Odon.
- La paroisse de Venoix ne fait longtemps pas partie du territoire caennais. Elle devient sous la Révolution une commune indépendante. Cette commune n'est rattachée à Caen qu'en 1952.
- L'actuelle rue d'Authie est nommée « rue de Bourg-l'Abbé à Ardenne » sur le cadastre du début du XIXe siècle[5].
Références
[modifier | modifier le code]- « Plan de 1667 - H/2098 », sur Archives départementales du Calvados (consulté le )
- « Plan du bourg-l'Abbé sous l'abbatiat de Villon - H/2101 », sur Archives départementales du Calvados (consulté le )
- « Plan de l'abbaye, du bourg l'Abbé, de la paroisse Saint-Nicolas, Saint-Ouen et Venoix - H/2005 », sur Archives départementales du Calvados (consulté le )
- « Cadastre - Section U de Saint-Nicolas (cote 3P/1932) », sur Archives départementales du Calvados (consulté le ).
- « Cadastre - Section T2 de la Maladrerie (cote 3P/1932) », sur Archives départementales du Calvados (consulté le ).
- Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Caen, Poisson, 1820, volume 1, p. 339–340.
- Charles-Laurent Salch, Atlas des villes et villages fortifiés en France : Début du Ve siècle à la fin du XVe siècle, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 495 p. (OCLC 28516867), p. 286.
- J.-B. Chérié, « Caen au XVIIIe siècle. Genèse d'une grande opération d'urbanisme », Études normandes, no 4, , p. 44-56 (lire en ligne).